Pina Bausch, 1940-2009
Tanztheater Wuppertal
C'est en 1979 que je découvre Pina Bausch, à travers ce spectacle choc que fut "Barbe-Bleue". Depuis, je ne cache pas mon émotion chaque fois que je peux regarder une de ses chorégraphies. Une très grande dame nous a quitté, mais écoutons Gérard Violette, qui nous l'a fait connaître et qui a su nous l'a présenter régulièrement au Théâtre de la Ville.
"Très vite, le public a suivi, alors qu'à l'époque la séparation entre public de théâtre et public de danse était énorme. En 1979, lorsque Pina est venue pour la première fois à Paris avec Les sept péchés capitaux et Barbe Bleue, elle avait devant elle un public qui restait fondamentalement un public de théâtre. Et c'est ce public qui a commencé à comprendre la très grande importance de Pina Bausch."
"Pour ma part, j'ai été d'emblée persuadé que l'on était face à une artiste essentielle de notre époque. le désir de l'inviter chaque année est venu tout naturellement, ça a été le cas à partir de 1985 ou j'ai repris seul la direction du Théâtre de la Ville."
Vidéo : Pina Bausch dans Café Müller
Vidéo : Orphée et Eurydice
Ballet de l'Opéra de Paris
En dansant Eurydice à l'Opéra Garnier, Marie Agnès Gillot rencontre la rigueur et la chaleur du monde de Pina
"Artistiquement, elle apportait la touche ultime et fondamentale. Il suffisait qu'elle lève un bras pour que cela ait une portée incroyable. Elle était très pointilleuse. On recommençait jusqu'à ce que la technique soit parfaite, et brusquement on changeait de registre en passant à l'artistique. Elle avait une idée absolument précise des plus minuscules détails, mais il fallait ensuite qu'elle nous communique toute l'aura du personnage pour qu'il existe vraiment. Quand on travaille la technique, on finit par oublier la dimension expressive du rôle." Marie-Agnès Gillot Comme un pur-sang
Entretien avec Bartabas
"Ma comparaison pourra en choquer certains - pour moi, c'est le plus beau des compliments : Pina, c'est un pur sang de course. il y a chez elle ce même côté très délicat, fragile, hypersensible, cette finesse et ce racé, veine saillant sous un épiderme transparent, ce versant pur-sang anglais qui a peur de tout, que tout émeut, qui va s'affoler d'un rien, qu'un rien peut déstabiliser et, en même temps, c'est un lutteur : il dispose d'une force insoupçonnable, il aime courir, lutter, gagner : voilà Pina, son paradoxe."
Je ne vous parlerai pas de Mazurca Fogo, tant il y aurait de choses à dire. Qui mieux que Wim Wenders nous décrit la personnalité que fut Pina Bausch ?
Extrait du discours prononcé le 28 août 2008 à Francfort, à l'occasion de la remise du Prix Goethe.
(...)
Se lever, s'affaler,
tituber, s'effrondrer,
se dérober, saisir,relâcher,
sauter, bondir, pirouetter,
s'affaisser sur soi même,
rouler, chercher protection,
s'endurcir, se tendre,
s'entrelacer, prendre par l'épaule
se toucher et s'éloigner l'un de l'autre,
se laisser soulever, porter, tomber,
baisser la tête, pleurer, rire, exulter, glousser,
éclater de joie, pouffer,sangloter,
glisser, trébucher, faire la galipette, foncer...
aller, marcher, courir, cavaler, s'arrêter,
rester immobile...