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Tchékhov
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1988-1989
Tchékhov |
Anne-Marie Vennel
Peu
d’informations me sont parvenues sur cette comédienne,
metteur en scène, scénographe, concernant sa formation.
Elle a joué dans de nombreux spectacles, s’est
intéressée au théâtre de marionnettes
comme manipulatrice (adaptation du Songe d’une Nuit d’été
de William Shakespeare), a composé des chants pour spectacles
musicaux (Psyché d’après Molière
et Corneille) et écrit quelques textes de théâtre
(Le tournage ensorcelé présenté à
l’Epée de Bois en 1996).
Au cinéma, elle a joué dans le Danton d’
Andrzej Wajda .
Depuis plusieurs années elle tourne avec la troupe Royal
de Luxe où elle assure les fonctions de scénariste
et assistance à la mise en scène.
Jean-Luc Moisson
Diplômé en Architecture à l’ENSBA
– École Nationale Supérieure des Beaux Arts
- à Paris en 1978, il se spécialise pendant deux
ans en "Scénographie" et "Approche sensorielle
de l’espace".
Il commence en 1980 une carrière d’acteur au cours
de laquelle il interprétera une quarantaine d’auteurs
(Leivick, Haim, Victor Hugo, Brecht, Claudel…)
Très vite, il se passionne pour la pédagogie et
multiplie les interventions auprès de publics multiples
et variés (Scène Nationale de Sénart, Collèges
d’Argenteuil, d’Asnières, Faculté
de Jussieu Denis Diderot, Centres Culturels de Brétigny
sur Orge, Tremblay-en-France, Hôpitaux Psychiatriques
de la Queue en Brie et Villejuif et Maisons d’Arrêt
de Villepinte et de Fleury Mérogis.
À partir de 1990, il se lance dans la mise en scène
et se spécialise dans l’occupation de lieux atypiques
; il a aujourd’hui réalisé une quinzaine
de mises en scène ( Buzzati, Tchékhov, Rabelais,
Tardieu, Belbel…) dont cinq créations et un opéra
de Britten.
Etre artiste, c’est être témoin de son temps,
c’est s’intéresser au monde et à son
fonctionnement ; c’est partir de ce constat et de cette
nécessité qu’il intervient en entreprise
pour, entre autres, accompagner au développement personnel
et aider à l’acte créateur.
Il a sa propre compagnie « Les Moissonneurs des Lilas
» et donne régulièrement des stages en France.
Tout au long de sa carrière, il continue à s’interroger
et à se former (Kyudo, Kiryuho, Amerta Movement, INECAT-Institut
National d’Expression, Création, Art et Transformation)
Nathalie Alexandre
Après des études d’histoire,
elle se forme dès 1979, auprès d’Anne Delbée
et intègre très vite sa compagnie. Elle joue,
à l’Athénée et au Rond Point, de
nombreux rôles dans des pièces de Racine (Bérénice,
Hermione, Monime), Hugo (Marion de Lorme), Schiller (Thécla
dans Wallenstein), Shakespeare, Claudel (La princesse de Tête
d’Or) ou encore Rostand. Avec la Compagnie Anne Delbée,
elle participe également à toutes les créations
contemporaines, évocation du travail d’Antoine
Vitez "L’ombre du bonheur", mais surtout la
création en 1981 de "Une femme, Camille Claudel",
spectacle dont elle suit les huit ans de tournée.
Hors de cette compagnie, Nathalie Alexandre a été
dirigée par Brigitte Jaques et par Joël Dragutin
dont elle fut aussi l’assistante. Elle a joué "Quai
des Brumes" d’après Mac Orlan avec Théâtre
en Pièces.
Parallèlement, elle continue à se former, notamment
en pratiquant la danse auprès de Brigitte Morel (Compagnie
du Chariot), et Christian Trouillas (Compagnie Pina Bausch),
le chant avec Giovanna Marini et Anna Prucnal.
Pendant trois ans elle fera partie de la ligue d’improvisation
professionnelle de Sceaux et participera à de nombreux
matches. Passionnée par la direction d’acteurs,
elle enseigne régulièrement l’art dramatique
auprès d’adultes et d’enfants, dans des écoles,
lycées ou faculté. Cela la conduit naturellement
à la mise en scène et en 1997, elle décide
de créer sa propre compagnie.
Elle travaille sur les "petites formes", spectacles
autour de contes et de lectures interactives avec le public.
Avec Dominique Delhaye, elle pratique le théâtre
musical dans la rue où elle chante, accompagnée
à l’orgue de barbarie.
Elle aborde le théâtre contemporain avec un texte
de Tennessee Williams qu’elle présentera au Lucernaire.
Puis vient l’écriture. Elle co-écrit avec
Dominique Delhaye, un spectacle de prévention sur les
toxicomanies intitulé "J’irai pas sur ta planète",
texte primé par la DMDTS au titre de l’aide à
l’écriture.
Avec sa compagnie, elle monte des textes d’Agota Kristof,
Christian Rullier, Jean Anouilh, René de Obaldia, Jean-Michel
Ribes, Roger Vitrac, Yves Sauton ("2084, retour à
Ithaque", présenté en 2006 au festival off
d’Avignon).
A ce jour, elle étudie un projet d’adaptation du
roman d’Amélie Nothomb, "Mercure".
Mécanique
d'imprécision :
Association culturelle de l'Université Paris 6 - Paris
7, "Mécanique d'imprécision"
propose des Ateliers Théâtre
animés par des comédiens professionnels. On
y dispense un travail de formation, de recherche et de réalisation.
Quand je suis arrivé en 1988, nous disposions, pour
la pratique des activités culturelles, d'un vieux bâtiment
aujourd'hui détruit ("Esclangon")
et de l'amphi 24, aujourd'hui restauré
en salle de spectacle.
Ces deux années furent pour moi un retour fort apprécié,
au travail de base du comédien. Je
n'avais pas revu Tchékhov depuis
mon premier stage de Wattignies en 1969 et je venais d'arrêter
définitivement mes interventions au Lycée de
Château-Thierry. Etudiante, Valérie, ancienne
comédienne du Lycée et du Gradec, me contacte
pour me parler de son expérience à Jussieu,
au sein d'une Troupe Universitaire. Très vite, elle
me propose de participer à leur travail. Tchékhov
! Un rêve ! J'ai tout de suite accepté de retourner
faire "mes classes" à La Fac.
Ce sera le début d'une aventure qui durera six années.
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Le
théâtre de Tchékhov :
La
première année, Anne-Marie
Vennel et Jean-Luc
Moisson, nos deux animateurs, nous propose
d'aborder l'auteur sous tous ses aspects, mais déjà
se dessine une préférence pour "La
Cerisaie" et "La Mouette".
Après une année d'exercices autour de différents
personnages, il est décidé d'orienter notre
recherche sur "La Mouette".
Les rôles se précisent et j'aurais
le plus grand plaisir à interpréter celui
du "docteur Dorn". L'enthousiasme
de la troupe est tel que nous imaginons pouvoir jouer le
texte dans son intégralité. Malheureusement,
faute de disponibilité, le projet sera revu à
la baisse. En juin 89, sera présenté, Amphi
24, un "montage" des principales scènes
de la pièce. Un peu décevant, je l'avoue,
et frustrant.
Parallèlement à ce travail de création,
nous poursuivons les exercices de "training" de
l'acteur selon les méthodes de "Stanislavski"
et de l'"Actors Studio". Ce
sera pour moi l'occasion de renouer avec l'ambiance des
stages des années 70 et de faire la connaissance
d'une animatrice extra, la comédienne Nathalie
Alexandre, dont je ne peux oublier le rôle
de Camille Claudel qu'elle interpréta dans la mise
en scène d'Anne Delbée.
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Vie
de Thékhov :
Anton Pavlovitch Tchekhov est né le 29 janvier 1860 (calendrier
grégorien), à Taganrog, au bord de la mer d'Azov,
en Russie. Ses parents sont des petits commerçants. D’une
religiosité excessive, son père est un homme violent.
Anton Tchekhov étudie la médecine à l'université
de Moscou et commence à exercer à partir de 1884.
Se sentant responsable de sa famille, venue s’installer
à Moscou après la faillite du père, il
cherche à augmenter ses revenus en publiant des nouvelles
dans divers journaux. Le succès arrive assez vite. Il
ressent très tôt les premiers effets de la tuberculose,
qui l’obligera à de nombreux déplacements
au cours de sa vie pour tenter de trouver un climat qui lui
convienne mieux que celui de Moscou.
Bien que répugnant à tout engagement politique,
il sera toujours extrêmement sensible à la misère
d’autrui. En 1890, en dépit de sa maladie, il entreprend
un séjour d'un an au bagne de Sakhaline afin de porter
témoignage sur les conditions d’existence des bagnards.
L'île de Sakhaline paraitra à partir de 1893. Toute
sa vie, il multipliera ainsi les actions de bienfaisance (construction
d’écoles, exercice gratuit de la médecine,
etc.).
Ses nouvelles d’abord, son théâtre ensuite,
le font reconnaître de son vivant comme une des gloires
nationales russes, à l’égal d’un Dostoievski
ou d’un Tolstoï.
Après avoir longtemps repoussé toute perspective
de mariage, il se décide, en 1901, à épouser
Olga Leonardovna Knipper (1870-1959), actrice au Théâtre
d’art de Moscou.
Lors d’une ultime tentative de cure, Anton Tchekhov meurt
le 2 juillet 1904 à Badenweiler en Allemagne. Au médecin
qui se précipite à son chevet, il dit poliment
en allemand : « Ich sterbe » (je meurs). Ayant refusé
de l’oxygène, on lui apporte… du champagne,
et ses derniers mots seraient, d’après Virgil Tanase
: « Cela fait longtemps que je n’ai plus bu de champagne
». Ayant bu, il se couche sur le côté et
meurt2. Le 9 juillet, il est enterré à Moscou,
au cimetière de Novodevitchi. |
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Acte
I Treplev Dorn |
Acte
II Nina Trigorine |
Dorn
: Je n’y comprends peut-être rien ou je suis devenu
fou, je ne sais pas ; mais cette pièce m’a plu.
Il y a là quelque chose… Quand cette petite fille
parlait de sa solitude et que les yeux rouges du diable ont
surgi, mes mains ont tremblé d’émotion.
C’est frais, c’est naïf… Le voilà,
je crois ! J’ai envie de lui dire beaucoup de choses
agréables.
Treplev : (entre) Ils sont tous partis ?
Dorn : Moi je suis là.
Trepev : Macha me cherche dans tout le parc. Insupportable
créature !
Dorn : Constantin Gavrilovitch, votre pièce
m’a énormément plu. Elle est un peu étrange,
je n’en connais pas la fin, et pourtant elle m’a
fait une forte impression. Vous avez du talent. Il faut persévérer.
(Treplev lui serre vigoureusement la main et l’étreint
brusquement). Diable, que vous êtes nerveux. Vous
avez des larmes aux yeux ! Je voulais vous dire ceci : vous
avez choisi votre sujet dans le domaine des idées abstraites,
et vous avez bien fait ; une œuvre d’art doit partir
d’une grande idée. N’est beau que ce qui
est grave. Mais comme vous êtes pâle !
Treplev : Ainsi vous croyez que je dois continuer ?
Dorn :Oui… Mais vous ne devez peindre que l’important,
l’éternel. Vous savez que j’ai eu une vie
variée, agréable, j’en suis satisfait,
mais si j’avais éprouvé l’élan
spirituel que les artistes connaissent pendant la création,
il me semble que j’aurais méprisé mon
enveloppe matérielle et tout ce qui la concerne, et
je me serais envolé loin, bien loin de cette terre.
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Nina
: Etre romancière ! Etre artiste ! Pour mériter
ce bonheur, je supporterais le manque d’affection de
mes proches, la misère, les déceptions, je vivrais
dans un grenier et ne mangerais que du pain noir ; je souffrirais
de mes défauts, de mes imperfections, mais, en revanche,
j’exigerais de la gloire… de l’authentique
et retentissante gloire. (Elle se couvre le visage).
La tête me tourne… Oh !
La voix de Mme Arkadina : (de la maison) Boris
Alexéevitch !
Trigorine : On m’appelle… C’est sans
doute pour faire mes bagages. Je n’ai pas envie de partir.
(Il se tourne vers le lac). Quel paradis ! On est bien
ici…
Nina : Voyez-vous cette maison et ce jardin sur l’autre
rive ?
Trigorine : Oui.
Nina : C’est la propriété de ma
mère, qui est morte. C’est là que je suis
née. J’ai passé toute ma vie sur les bords
de ce lac, j’en connais le moindre îlot.
Trigorine : Comme on est bien ici ! (Apercevant
la mouette). Qu’est-ce que c’est ?
Nina : Une mouette que Constantin Gavrilovitch a tuée.
Trigorine : Un bel oiseau. Vraiment, je n’ai
aucune envie de partir. Si vous pouviez persuader Irina Nikolaevna
de rester encore ! (Il note quelque chose dans son carnet).
Nina : Qu’écrivez-vous ?
Trigorine : Ce n’est rien… Un sujet qui
me vient à l’esprit. (Il serre son carnet)…
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1990-1993
Les
années d'animation |
1990 : Les obligations professionnelles de Jean-Luc
et Anne-Marie ne leur permettent pas de renouveler leur
contrat avec la Faculté. Sur une proposition de Valérie,
je suis contacté pour animer un des Ateliers
Théâtre de Jussieu.
N'étant pas issu du milieu professionnel, c'est avec
une certaine crainte que je vais accepter. Mais je ne pouvais
pas ne pas saisir cette chance, qui sans doute, ne se reproduirait
pas.
Après un entretien avec un administrateur de "Mécanique
d'Imprécision", je propose un
projet étalé sur deux années. Il me
paraissait indispensable de travailler sur un sujet que
je maîtrisais bien. C'est pourquoi je relance l'idée
d'Yvonne Princesse de Bourgogne que j'avais expérimenté
au Gradec..
Mais la réalisation n'est pas tout. M'adressant à
des comédiens étudiants débutants,
il me faut travailler sur la formation de l'acteur et faire
preuve constamment d'innovation et de recherche. C'est peut-être
cet aspect de notre pratique qui m'a le plus enthousiasmé
durant ces quatre années.
La pédagogie de l'enseignement du théâtre
a toujours été ma passion. Après toutes
ces années d'expérience, Jussieu aura été
pour moi le creuset dans lequel j'ai pu mêler toutes
mes connaissances, une synthèse de tout ce que j'avais
appris, théâtre, mime, expression corporelle,
travail vocal, danse, relaxation et même l'eutonie
dont j'utilisais certaine techniques pour les exercices
relationnels.
Cet entraînement, indispensable à l'acteur
comme le sont les gammes de la pianiste, peu de spectateurs
en prennent conscience. C'est pourtant le point de départ
de toute "bonne" création. Ce ne sont pas
quelques exercices superflus destinés à "occuper"
le temps mais un long chemin fait de détours et de
pistes variées, afin de trouver la voie, jamais unique,
vers le personnage que l'on veut interpréter.
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1990-1991 : |
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1992
: |
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1993 : |
Le
Précepteur de Bertolt Brecht
d'après le pièce de Michaël
Jakob Lenz |
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