"Le Prince Philippe, héritier du trône,
rencontre lors de sa promenade quotidienne, une fille sans
charme et sans attraits : Yvonne.
Yvonne est empotée, apathique, timide, peureuse et
ennuyeuse. Dès le premier instant, le Prince ne peut
la souffrir, elle l'énerve trop ; mais en même
temps, il ne supporte pas de se voir contraint à détester
la malheureuse Yvonne. Et une révolte éclate
en lui contre les lois de la nature qui commandent aux jeunes
gens de n'aimer que les filles séduisantes.
"... je ne m'y soumettrai pas, je l'aimerais !..."
Il lance ainsi un défi, et fait d'Yvonne sa fiancée.
Introduite à la cour royale, Yvonne y devient alors
facteur de décomposition. La présence muette
et apeurée de ses multiples carences, révèle
à chacun ses propres vices, ses propres saletés...
Aussi la cour se transforme-t-elle bientôt en une couveuse
de monstres. Et chacun de ses monstres rêve d'assassiner
l'insupportable intruse.
La cour mobilise enfin ses pompes et ses oeuvres, sa supériorité
et ses splendeurs, et de toute sa hauteur trucide Yvonne..." W. Gombrowicz. (Programme de la pièce
pour les représentations de juin 1990)
La
Genèse :
Witold
Gombrowicz est né en 1904 en Pologne. Son
appartenance à une classe sociale située entre
la haute aristocratie et les petits hobereaux devint rapidement
pour lui une obsession.
La réalité ne pouvant combler ses désirs,
il peuple alors son théâtre de rois, de princes,
de barons souvent déchus et présentant toujours
quelques traits vulgaires, grossiers, bouffons. "Yvonne, Princesse de Bourgogne"
serait une satire politique défiant le régime
actuel de la Pologne. Yvonne, symbole de ce pays et de sa
liberté.
Pour ne citer que Gombrowicz :
"... Yvonne est davantage issue de la biologie que
de la sociologie, elle est issue de cette région
en moi où m'assaillais l'anarchie illimitée
de la forme humaine, de son dérèglement et
de son dévergondage..."
W. Gombrowicz écrit cette pièce dans une période
où pour lui, maintenir le style devient une loi suprême
: "...ensorcelé que j'étais par la forme,
j'étais disposé à devenir son bouffon
pour l'éternité..."
Ainsi est né "Yvonne, Princesse de Bourgogne",
qui est publiée en Pologne dès 1935.
La pièce ne fait l'objet d'aucun émoi. Ce
sera plus tard, en Europe, que l'on célèbrera
Yvonne.
En 1967, W. Gombrowicz reçoit le Prix International
de Littérature pour "Cosmos".
Il est cité pour le Prix Nobel en 1969, mais décède
des suites d'une longue maladie le 24 juillet 1969.
Avril
1991 Lyon
Festival International de Théâtre Universitaire
Exercices
préparatoires (répétitions Jussieu)
Dossier
Programme
Juin 1990
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Le jeu repose davantage sur les capacités
de l'acteur que sur d'éventuels artifices que sont
les costumes, lumières, son,effets techniques...
Nous sommes à la cour royale, les costumes pourraient
être somptueux, il n'en est rien.
Sobriété.
Sommes-nous à la cour royale ou dans un asile de
fous ?
Les personnages survivent dans ces deux univers ; allant
de l'un à l'autre, ou dans les deux à la
fois.
Un décor qui se résume en quelques mots
:
Une table composée de six modules, recouverte d'une
nappe blanche (un tapis de velours flamboyant dans la
version présentée à Lyon) sur laquelle
attendent des couverts, objets plus hétéroclites
les uns que les autres.
Deux modules, l'un côté jardin, l'autre côté
cour, où les comédiens attendent leur entrée
en scène.
(Textes
extraits du dossier programmed'Yvonne...)
Les
Ateliers :
La Troupe Universitaire de Jussieu (Paris 6 et 7), mieux
connue sous le nom de "Mécanique
d'Imprécision", proposait à
la rentrée 1989-90, deux ateliers animés
par des personnes extérieures à la Faculté,
professionnels du théâtre ou non.
L'un avait pour objectif de travailler sur l'univers du
roman policier.
L'autre avait pour but de monter "Yvonne..."
Durant toute l'année universitaire, au rythme de
deux séances de huit heures tous les quinze jours,
puis à partir du mois d'avril, de seize heures
par semaine et ce jusqu'en juin, les répétitions
s'enchaînèrent.
Une présentation du travail eut lieu les 22 et
23 juin 1990 à l'Université de Jussieu,
amphi 24.
Parce qu'un spectacle n'est jamais totalement terminé,
parce que celui-ci ne l'était pas encore, nous
reprenons les répétitions au 30 septembre
90 et jusqu'à fin décembre...
C'est cette nouvelle version qui sera sélectionnée
pour être jouée au Festival International
de Théâtre Universitaire de Lyon.